Une vie de chien… de traineau!

La nouvelle tendance en montagne, ce sont les activités de plein air avec des chiens nordiques. Cani-raquettes, ski-joering ou balade en traineau pour les plus chanceux, vous trouverez des athlètes canins résistants au froid dans la plupart des stations de ski.

Plutôt sceptique au départ à l’idée d’utiliser des chiens pour se faire balader pendant les vacances entre les sapins, j’ai rencontré une meute d’Alaskan Husky et de Groenlandais vivant dans le Haut-Jura français, à quelques centaines de mètres de la frontière suisse.

A vrai dire, j’ai rarement vu des chiens si épanouis et si adaptés à leur environnement! De vrais sportifs de haut niveau n’attendant qu’une seule chose : l’effort et les kilomètres à parcourir dans la neige. C’est ce que les canadiens appellent le « will to go » des chiens, une envie plus forte que tout de se mettre à courir. Ils aboient, remuent la queue, sautent sur place, tournent en rond en attendant le signal de leur « musher », le meneur de chiens qui pilote l’attelage.

Ce qui fait plaisir à voir, c’est la complicité que Sandrine et Alexandre, les « maîtres » de la meute, ont établi avec leurs chiens. Ils parlent d’eux comme de petits héros, capables de courir plus de 100 km à une vitesse de 20 km/h par -15°C. Le tout en tirant un traineau, bien sur, sinon ce serait trop facile.

Faïko est le chef de la meute. Un statut acquis progressivement, souvent suite à des conflits remportés face à d’autres chiens. Le chef de la meute est considéré comme le chien capable de dominer le groupe et de veiller sur son équipe. Il pourra manger avant les autres – en choisissant les morceaux les plus appétissants et se reproduire plus facilement – en choisissant les femelles les plus appétissantes. Une place privilégiée mais contraignante qui lui impose d’être toujours en alerte. On ne peut pas tout avoir! Il dort moins et gère les tensions au sein de sa meute, parfois par un simple grognement, parfois par une vraie démonstration de force ou d’intelligence.

Je pensais donc que Faïko serait en tête pour tirer le traineau, mais il ne faut pas confondre chef de meute et chien de tête. Les deux premiers chiens d’un attelage, les leaders, sont les chiens les plus obéissants. Ils attendent des ordres, sont plutôt doux et attentifs. C’est pourquoi ils ont rarement le statut de chef de meute. Très proches du musher, hyper réactifs et capables de prendre de bonnes initiatives durant la course, de bons chiens de tête sont capable de faire faire demi-tour à tout l’attelage si ils constatent que leur musher est tombé.

Finalement, il s’agit d’une discipline très technique. Les chiens sont attelés en binômes et possèdent chacun une place et un rôle bien précis, en fonction de leurs aptitudes et de leur force. Les plus costauds sont les « wheel dogs » et seront les plus proches du traineau afin d’assurer un bon départ.

Je n’ai pas de meute de chien (ni de traineau d’ailleurs), mais je ne peux que vous encourager à visiter le Haut-Jura. En voiture, à vélo, en raquettes, en ski ou en mode musher, peu importe! C’est certainement dans mes gènes mais à chaque passage ici depuis tout petit, j’ai l’impression d’appartenir à ces montagnes, et qu’en même temps elles m’appartiennent (un peu)…

« Il est rare de partager avec des animaux le même plaisir de faire quelque chose. Avec les chiens, je partage celui de traverser des étendues blanches. D’eux ou de moi, je ne saurais dire qui est le plus heureux le matin, lorsqu’il s’agit de partir, le plus avide de découvrir des territoires, de voir se dérouler ces paysages changeants et pleins de surprises. De cette commune passion naît une complicité qui renforce nos liens d’amitié, tissés depuis leur naissance… Ils aiment tout comme moi la découverte, l’aventure, la nouveauté. »

Nicolas Vanier, « Avec mes chiens, l’Odyssée sauvage »